mercredi 18 février 2009

La Guadeloupe dans la Fournaise

Chaleur…La chaleur est une élévation de température que l’on ressent comme excessive. Sur l’être humain (également sur les animaux : ophidiens, abeilles, mammifères…), elle provoque des troubles de la vision, de l’énervement, une frénésie, qu’on associe souvent à la violence.

La Guadeloupe bout. Elle est rentrée en ébullition, et la nuit dernière on peut dire qu’elle a débordé d’une marmite chauffée à blanc…

Les médias glosent sur les causes souvent liées et justifiées de cette crise : crise économique, prix de biens de première nécessité importés trop élevés, situation monopolistique de certains, chômage très élevé, situation touristique en berne ( concurrence de la République Dominicaine et d’autres îles des Antilles), PIB faible…En soit, ils vivent une crise sociale comme d’autres départements métropolitains. (hormis certains particularismes économiques). Mon propos n’est pas de remettre en cause leurs revendications sur le pouvoir d’achat, sur le fond ils ont raison à 200%, au vu des disparités sociales très marquées, mais sur la forme….on se retrouve dans une situation hallucinante.

La différence est que cette crise est instrumentalisée et passe d’un conflit économique et social reposant sur des faits objectifs , à un conflit subjectivisé par les idéaux indépendantistes et racialistes. Les vieux démons colonialistes ressurgissent, et les leaders de ce mouvement social, Elie Domota en tête, s’inspirent de la sémantique associée pour enflammer les foules. De ce fait, cette lutte s’apparente à une « libération » des « esclaves » créoles des « colonialistes » métropolitains, pour conquérir leur « indépendance ». On sort ainsi de la simple révolte économique et sociale pour s’enfoncer dans un terrain plus trouble ou le moindre élément d’argumentation des forces en présences devient subjectif, et prête à l’inférence. Pour résumer, on craque une allumette dans un dépôt de munitions et on attend de voir ce qui se passe.

Cet embrasement n’est pas que sémantique, et relève de la manipulation de masse, pour ne pas dire de l’agit prop des partis révolutionnaires des années 60-70. Cela sert en effet de justification à la victimisation permanente , et au refus de la moindre négociation. Négocier avec le patronat ? c’est impensable pour le LKP, puisque par définition, ce sont des békés, donc des colonialistes. Négocier ce serait rentrer dans une spirale de dialogue appelant à faire des concessions. Comment concéder quoique ce soit avec des gens que l’on pointe quotidiennement du doigt comme étant des esclavagistes ? La négociation, cède la place à la lutte et la recherche permanente de l’affrontement et de la tension. La preuve, jusqu’à hier il ne restait qu’une revendication sur les 132 du collectif : la revalorisation de 200 euros de sbas salaires. Puis Elie Domota précisa le mercredi 18 février , "aujourd'hui ce n'est pas simplement la signature d'un quelconque protocole sur les salaires qui va régler la situation"…Bref, après cette 132ème, une 133ème, et c’est l’escalade…

Le LKP est rentré dans une spirale infernale dialectique, qui se radicalise de jour en jour, et nécessite de contrôler la population pour éviter une anarchie totale. Les derniers évènements de la nuit passée m’ont fait frémir…des bandes de jeunes soit disant qui n’ont rien à voir avec le LKP (qui n’assume aucune de ses responsabilités de pyromane et a fortiori ses mensonges) qui « cassent » et pillent tout ce qui passe à portée, mais surtout qui tirent avec des fusils à pompe sur les gendarmes (ca on a moins l’habitude)…. Ils n’ont pas d’argent pour les biens de première nécessité mais pour acheter des fusils à pompe ? Ils veulent soit disant négocier et tirent à bout portant sur les forces de l’ordre et sur des pompiers ? Une personne a déjà été tuée par une balle tirée par ces jeunes…A force d’attiser les haines…le bain de sang est jour après jour de plus en plus craint.

La Guadeloupe s’enfonce dans une spirale d’auto combustion, et le point de non retour semble proche ou l’on va basculer d’une lutte économique à une lutte armée, même si pour certains (et je ne les salue pas au passage), les deux vont de pair. Ce bouillonnement révolutionnaire enfiévré par leurs idéologies menace d’ailleurs la métropole. Des hommes politiques comme Bayrou ou Besancenot, ont manifesté bruyamment leur soutien au LKP (pour seuls motifs de se démarquer du gouvernement et du PS), et par là se portent caution de sa rhétorique au risque de vouloir faire basculer la métropole dans le même schéma. Mais le problème pour une fois n’est pas le gouvernement, ni Nicolas Sarkozy (même si Yves Jego a géré l’affaire de manière catastrophique). Il est dans la nécessité impérative du dialogue, dans la volonté commune des parties de s’asseoir autour d’une table, et de dialoguer la tête froide. En refusant d’agir sereinement, comme le font les syndicats traditionnels métropolitains qui la plupart du temps évitent de dépasser les bornes, en jouant l’épreuve de force, le LKP prend une terrible responsabilité d’alimenter le brasier.

La Guadeloupe gémit au milieu des flammes, et appelle à l’aide. Elle demande de la parole, de l’écoute, des soins a ses brûlures, de l’affection qu’elle mérite. Et non pas qu’on intensifie les flammes déjà bien trop vives…sans quoi sur les cendres de sa révolte, les habitants dévôts aux paroles de ce pyromane d’Elie Domota se retrouveront sans aides, sans subventions, sans importations, sans entreprises ni modèle économique viable et structuré. Ils ne pourront que contempler les flammes amères de ce monde rêvé qui était le leur, et non l’absurde manipulations de têtes brûlées.


mardi 3 février 2009

Achille Last Stand

J’adore Led Zeppelin, et tout particulièrement ce morceau extrêmement rythmé et diabolique…. Une ligne de basse infernale, une batterie démoniaque, et un Jimmy Page héroïque à la gratte font de ce morceau une légende du rock.... C’est aussi un symbole, celui de l’excellence, de la virtuosité. Comme celle du joueur de rugby Dan Carter dont le tendon éponyme de la chanson fut fauché en plein vol samedi soir…

On a beaucoup glosé sur les cadences infernales dont il fut victime, sur les pressions économiques, sur le suivi médical, sur la dangerosité de ce sport, je ne reviendrai pas dessus.

Mais on n’a pas encore traité la symbolique de cet acte. Et encore me direz vous, Le pire étant l’avalanche de symboles, voyez plutôt… dans ce match au Stade de France, comme à son habitude , le Stade Français avait multiplié une débauche de spectacles : des danseuses du Pink Paradise, un mini concert d’Emile et Image, des dirigeables chinois, des gens qui retournent des voitures et des pneus…et un spectacle censé représenter L’Illiade et l’Odyssée (pour y avoir été, je comprends pourquoi Homère était aveugle, c’était une bénédiction pour lui)… Le clou du spectacle fut non pas les lazzis vouant au gémonies ce « panem et circense », mais la Tragédie Grecque improvisée dans toute sa splendeur, à la conclusion de ce qui restera un très beau match de rugby.

Du jeu du mouvement au large, des gestes techniques magnifiques, et plus le match durait, plus on admirait la classe absolue de ce joueur d’exception qu’est Dan Carter. Passages de bras, prise d’intervalle, jeu au pied millimétré, passes sur un pas, bref….toute la panoplie artistique de cet Achille Néo Zélandais, qui sublimait ses coéquipeiers qui d'un Maxime Mermoz ou d'un David Marty se sentaient Patrocles.

Tous les commentaires sont d’ailleurs unanimes, il a totalement éclaboussé le match de sa classe jusqu’à étouffer totalement les stars parisiennes que sont Beauxis et Hernandez…Las, le sort fut cruel…Dernière action du match, 80ème minute, histoire d’arracher la victoire, le stratège Catalan voulut relancer des 40 mètres suivi de ses fidèles hoplites…Je ne sais si Apollon ou une des divinités grecques ont guidé les gestes de ces humains bien trop humains, mais le héros, plusieurs fois sacré meilleurs joueur du monde, fut mis à terre, victime d’un choc déchirant son tendon d’Achille au coup de sifflet final. Et pour conclure comme il se doit, le Stade de France entra en éruption par un feu d’artifice…

Cette tragédie sportive au milieu de ce pandémonium délirant doit servir de sonnette d’alarme, d’un coup d’arrêt à ces logiques illogiques, à ces pressions aberrantes ( la précédente jurisprudence Castagnède n’ayant pas servi de leçons) : le rugby est un sport d’hommes, d’êtres humains, qui pour satisfaire l’homo oeconomicus autant que le spectateur lambda, voient de plus en plus leur santé sacrifiée sur l’autel des augures mercantiles et des cadences de galériens de ce sport. Que l’on arrête cette escalade vers un Colisée postmoderne !

J’espère que l’on reverra Dan Carter sur les terrains de rugby, et sous les couleurs de Perpignan. Parce qu’il apporte quelque chose en plus de sa technique éblouissante, de sa classe, de sa vista, de sa gentillesse et de son humilité de tous les instants. De part sa blessure, sa souffrance, et ses larmes, Il nous apporte son humanité au milieu de ce rugby gangrené par le spectacle. Dan Carter nous reviendra, et ce ne sera plus en Achille , mais en Promethée du Rugby.


Renaissance

Cela fait un long moment que ces carnets de voyages n’avaient pas été mis à jour, ni parcourus. Le manque d’envie, l’amertume du passé, et surtout le manque de sens : ca ne servait à rien d’épiloguer sur les multiples déceptions sur ces machine à broyer les hommes que je voulais dénoncer. Ainsi à quoi bon continuer ?

Pour ca que certains articles ont été supprimés et que là j’en rajoute quelques uns d’un coup….

J’ai une nouvelle vie, plus joyeuse, une vrai renaissance. Celle des mentalités ? Des idées ? Peut être aussi… L’époque que nous vivons est chaotique, emportée par une entropie qui a atteint son maximum. Le chaos n’est plus ordonné, plus créateur. On le voit avec ces multiples folies soit destructrices soit sur régulatrices. Mais de temps à autres quelques sourires, quelques regards, appellent des lueurs d’espoirs. Je n’ai aucune prétention à en faire partie , si ce n’est que pour témoigner de l’existence, et de la possibilité que ce chaos ambient, redevienne une soupe primordiale d’ou jailli une lumière de vie...


Bonne lectures à tous!