mercredi 1 avril 2009

L'exception culturelle française pro-HADOPI, ou comment perdre sa qualité d'artiste...

Hier soir, des « artistes », producteurs, ayants droits, se sont invités dans l’hémicycle pour assister aux débats sur la Loi Création et Internet (fameuse loi appelée HADOPI). Surement les mêmes d’ailleurs qui sont interviewés sur le site jaimelesartistes.fr, ou qui ont donné une grande conférence de presse dans la matinée pour clamer haut et fort, que le téléchargement c’est du vol, que cette loi va les sauver, ou plutôt va sauver leur compte bancaire en Suisse, et que les vilains téléchargeurs sont des criminels voleurs. Leur credo, « Cette loi est pédagogique, ca va diminuer le téléchargement et ils vont massivement consommer des CD ou DVD » . Madame la Ministre Christine Albanel a d’ailleurs salué leur présence dans
l’hémicycle rompant avec la sacro sainte règle de neutralité des débats parlementaires.

Ces esclaves du dieu Consommation oublient un peu vite que leurs prédecesseurs n’avaient jamais autant gagné d’argent qu’eux, et même bien souvent n’ont eu de succès que bien des années après leur mort. Pour la petite histoire et remettre les choses à leur place, un artiste tel que Van Gogh est mort pauvre et méconnu de tous. John Keats, probablement le plus grand poête anglo saxon, est aussi mort dans le dénuement le plus total dans une misérable gargotte à Rome… Est ce pour autant que leur création artistique était amoindrie ? Bien sur que non, l’histoire l’a prouvé.

Ce qui est ainsi révoltant c’est l’équation création artistique= rémunération, comme si tout artiste devrait obligatoirement faire fortune. Rien n’est plus faux car idéologiquement ce serait assimiler le fait artistique comme un métier. Or, on ne devient pas artiste comme on devient électricien, commercial, technicien, ingénieur : on l’est ou l’on ne l’est pas, mais c’est une seconde peau, une essence de l’être. En quoi l’argent est lié à cela ? Ce n’est pas parce qu’un artiste est pauvre qu’il cesse d’être un artiste !

D’ailleurs aujourd’hui sur un CD vendu, ces mêmes créateurs de soupes/navets attachés à la criminalisation des internautes , oublient de dire que leur manque à gagner est de moins de 1 euros, le reste allant à leur maison de disque, producteur… Un musicien, ou interprète ne vit principalement que par ses concerts (qui ne sont PAS téléchargés illégalement) et TRES exceptionnellement (une 15aine en France, guère plus comme Halliday, Cabrel, …) de la vente de CD. Seuls les artistes multimillionnaires (et bien souvent dont les comptes sont dans des paradis fiscaux) ont donc un intérêt à ce que cette loi passe.

Quand aux réalisateurs de films, je n’ai jamais rencontré une hypocrisie pareille, quand on sait que les entrées en salle sont en croissance continue : la fréquentation des Cinémas n’a jamais été aussi importante en France . Que viennent ils faire alors, si ce n’est de la lèche auprès des gouvernants et d’un ministère de la Culture dont ils bénéficient de subvention pharaoniques?

Si ils rampent aux pieds du pouvoir avec une belle langue fourchue, ils manquent en revanche de l’intelligence du serpent (brave bête) : non seulement ils sont laches et veules, mais également méconnaissent totalement les problématiques techniques d’internet (voir articles en parlant) . Forcément vous me direz vu leur Sinistre de tutelle, Madame Albanel.  

Voici la liste de ces personnes, qui acceptent ainsi de voir leur nom accolé à une loi liberticide, qu’Orwell n’aurait pas dénigré, et dont la France est le seul Etat démocratique au monde à la mettre en place (la Nouvelle Zélande, les USA et l’Angleterre ont renoncé) :

Des chanteurs parmi lesquels Etienne Daho, Christophe Maé, Kery James, Sinik, Francis Cabrel, Patrick Bruel, Jean-Jacques Goldman, Jenifer, Stanislas, Raphaël, M Pokora, Keren Ann, Thomas Dutronc, Eddy Mitchell, Isabelle Boulay, Maxime Le Forestier, Martin Solveig, Marc Lavoine, Calogero, Gérard Darmon, Pascal Obispo, Jacob Devarrieux, Elie Seimoun, Alain Bashung, Bernard Lavilliers, Rachid Taha, Bob Sinclar, Psy4delarime, Abd Al Malik, Anis, André Manoukian, Charles Aznavour, Alain Souchon, Mademoiselle K, Soprano, Arthur H, BB Brunes, Liane Foly, Emmanuelle Seigner, Ridan, Renan Luce, Zita Swoon, Johnny Hallyday, Empyr, Kenza Farah, Shine, Camaro, Diam's, Renaud, Romane Cerda, Cali et la Grande Sophie, Thomas Dutronc, Françoise Hardy et Sanseverino, ou des cinéastes, Philippe Lioret, Cédric Klapisch, Guillaume Canet, Agnès Jaoui, Bertrand Tavernier, Costa-Gavras, Jean Becker, Jean-Jacques Beineix, Vera Belmont, Michel Boujenah, Pierre Jolivet, Gérard Jugnot, Georges Lautner, Patrice Leconte, Claude Miller, Jean-Paul Rappeneau, Coline Serreau, Pascal Thomas, Danièle Thompson et Francis Veber

Je n’ai jamais téléchargé (illégalement ou non) leurs œuvres, je ne les ai jamais acheté. Et je peux vous garantir une chose : je ne le ferai pas, et appelle tout ceux qui me liront à ne pas le faire. Tout simplement parce qu’un artiste qui privilégie son compte bancaire à la diffusion de ses création n’est pas un artiste, et ne mérite aucunement de l’être.

Dans un prochain article, je parlerai de tous ceux qui ont choisi de diffuser leurs œuvres, dont l’objectif n’est pas l’argent, mais de savoir qu’ils émerveillent les sens du publics par leurs créations. Ceux là, à mon sens sont des artistes et méritent tous les encouragements possibles.

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